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 Candide ou l'optimisme (voltair)

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ZAKARYA
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MessageSujet: Candide ou l'optimisme (voltair)   Candide ou l'optimisme (voltair) Icon_minitimeLun 20 Oct - 16:55

Incipit du livre (1ère page)

Introduction
Candide ou L'Optimisme, publication anonyme en 1759.
Le texte que nous allons lire se trouve au début du conte philosophique de Voltaire.
Ce conte est paru en 1759, alors que notre auteur a 65 ans, pour régler les comptes avec le philosophe Leibniz ou plutôt son disciple Wolf, dont l'avatar comique semble bien être le docteur Pangloss - celui qui parle de tout et, de par son nom emblématique, prétend bien dire tout sur tout. Il poursuit par cette narration polémique le débat entamé dans le Poème sur le désastre de Lisbonne paru en 1755, après le tremblement de terre qui fit 30.000 victimes.

- satire de la noblesse
- caricature d'une philosophie du XVIIIème : l'optimisme
- parodie littéraire


Annonce de la démarche

Etude thématique (car longueur du texte) :
- satire de la noblesse
- caricature d'une facette de la philosophie du XVIIIème : l'optimisme
- parodie littéraire


Explication
L'ironie et la moquerie évidentes de ce passage se poursuivront tout le long du roman, elles sont mises au service de VOLTAIRE pour critiquer bon nombre de problèmes de l'époque :

1/ Virulente satire de la noblesse :
Tournée en dérision :

- pédanterie
* patronyme ridicule : Thunder-ten-tronckh
* n'admet pas sa pauvreté
- l'attachement aux privilèges : chasse, chapelle privée
- l'attachement à la hiérarchie : " que 71 quartiers " (au lieu de 72)
- l'inégalité
- la Prusse (il avait fait un séjour chez Frédéric II et s'était fâché avec lui)
*Westphalie
*"nous mangeons du porc toute l'année" = vengeance
- les femmes : misogynie = satire facile
* portraits indélicats l.16 à 19
à L'étroitesse d'esprit de la noblesse est visée.

2/ La caricature de l'optimisme et de Leibniz :

Derrière Pangloss se cache Leibniz qui est un philosophe à peu près contemporain de VOLTAIRE et dont la thèse est : Dieu a crée le monde le plus harmonieusement possible (mais ce monde n'est pas parfait)
" Pangloss " du grec : parle sur tout ou tout le temps
détourne les propos de Leibniz :
* abuse du jargon scientifique dans ses discours : "il est démontré", "aussi", "et", "si", "donc", "car", "par conséquent".
* sort de leur contexte les paroles de Leibniz, aboutissant à une démonstration incohérente qu'est la "métaphysico-théologo-cosmonigologie" (nigaud) blâme l'enseignement de Pangloss :
* rapport maître/élève basé sur l'admiration : "admirablement", "innocemment", "attentivement", "le plus grand philosophe"
* influence sur l'esprit de l'élève, d'où la fréquence de connecteur dans les réflexion de Candide (ainsi que Cunégonde) qui raisonne à la manière de Pangloss. Pangloss fait de Candide un esprit naïf, étroit et crédule condamne surtout le dogmatisme (fanatisme philosophique) tout comme il condamne le fanatisme religieux (dans Candide ; Inquisition, Jésuites?).

3/ Parodie de certains genres littéraires :

Rabelais :- titre : clin d'oeil à Gargantua que l'on pense que VOLTAIRE a lu peu avant de commencer à écrire Candide.
- RABELAIS utilisait des précisions chiffrées (" le moine de Seuilly tua 13622 soldats, sans compter les femmes et les enfants, bien entendu ! "), VOLTAIRE l'imite : "71 quartiers", "350 livres"
Conte : "il y avait?on le nommait Candide" = début de conte, mise en place d'un cadre spatio-temporel.
Leibniz : imitation grossière "tout est pour la meilleure fin"
Anti-roman précieux :
- pastiche d'une scène de première rencontre
* codes du trouble, de l'émotion réciproque
- mais caricature au rythme accéléré
* passés simples
- évanouissement (suspect) de Cunégonde = ultime marque de pudeur


Conclusion

On assiste, dans cet incipit, à la présentation d'un monde clos, hiérarchisé, aristocratique et surtout d'illusions (toute la description se fait à l'imparfait à tout est figé et rien ne trouble la quiétude). La cour n'est en fait qu'une illusion. une illusion du pouvoir, de la richesse, de la connaissance… Candide vit donc au sein d'un monde d'illusions dont il est victime. IL croit à ce qu'il voit car il ne connaît que ce monde. un microcosme qui n'est qu'incohérence.
Ce monde va changer à la suite d'une péripétie dont Cunégonde sera la cause (le baiser). Voltaire caricature en quelques sortes le départ de Candide en le montrant chassé du paradis terrestre comme Adam mais ici, la tentatrice n'est plus Eve mais Cunégonde. Un paradis où tout le monde s'efforce de mentir et croire à autre chose que la réalité.
Candide n’est qu’au début de son apprentissage, il est encore bien loin de l'idéal voltairien.
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MessageSujet: Re: Candide ou l'optimisme (voltair)   Candide ou l'optimisme (voltair) Icon_minitimeLun 20 Oct - 16:57

Le château de thunder-ten-tronckh
Chapitre 1

INTRODUCTION

L'article "Genève" de L'Encyclopédie, que Voltaire inspire à d'Alembert suscite la tempête chez les pasteurs : les antiphilosophes veulent l'expulser de la propriété des délices, qu'il avait acquis en 1755. En 1758, il achète la propriété de Ferney, située à cheval sur la frontière franco-suisse, pour se mettre à l'abri. C'est cette année là qu'il rédige Candide, conte philosophique qui contredit la théorie de l'optimisme selon laquelle tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, mais sans la détruire tout à fait puisque la plupart des personnages finissent par cultiver sagement leur jardin en renonçant à la métaphysique. Il sera publié en 1759, sous couvert de l'anonymat, puis du pseudonyme en 1761.

- - - Présenter le passage - - -


LECTURE


ANNONCE DES AXES

Premier axe de lecture : Un paradis de pacotille
Deuxième axe de lecture : La satire de la société féodale
Troisième axe de lecture : Un philosophe dogmatique et grotesque

ETUDE

I- Un paradis de pacotille

1. Le lieu : l'Allemagne

C'est le pays de Leibniz, principal philosophe théoricien de l'Optimisme que combat Voltaire : celui de Frédéric II de Prusse, que l'auteur admirait comme le modèle du souverain éclairé et avec lequel un séjour à Berlin vient de le brouiller. La Westphalie en est aussi la province la plus pauvre: en la choisissant comme Éden fondateur du conte, et en faisant croire à tous les personnages que le baron, avec son château qui avait une porte et des fenêtres - (1.14), est un puissant seigneur, Voltaire souligne la médiocrité de cet idéal et l'aveuglement de ses héros: il donne une leçon de relativité entre la réalité et l'idée que les hommes s'en font. Satire de la lourdeur allemande, également, l'emphase du nom Thunder-ten-tronckh, l'embonpoint de la baronne (1 50 kg) et de sa fille (grasse -, 1. 24).

La grande économie de détails sur le décor et les paysages est habituelle dans les romans et contes à l'époque. Mais chez Voltaire, c'est aussi un procédé systématique. La parcimonie des descriptions charge chaque détail d'un sens et d'une fonction philosophiques ou satiriques très forts. Ici, l'Allemagne se réduit à deux ou trois clichés, épaisseur des corps, philosophie épaisse, d'ailleurs toujours valables de nos temps car les préjugés ont la peau dure... Les personnages font l'objet d'un traitement identique. Une galerie de portraits stéréotypés Evocation de Candide encadre celle des autres personnages, cette composition situe d'emblée le jeune garçon comme le héros, mais insiste aussi sur sa marginalité sociale de bâtard: il est ensuite réintégré à sa place normale, qui est la dernière. Les comparses, en effet, se présentent dans un ordre familial et social hiérarchique : le baron, son épouse, leurs enfants, le précepteur, enfin l'enfant naturel. La fille vient avant le fils, ce qui annonce le rôle majeur de Cunégonde.

De même, seuls Candide et Cunégonde ont un prénom; on ignore si Pangloss est un nom ou un prénom. Tous les trois font l'objet de précisions succinctes, et l'on a même l'honneur d'entendre la voix du professeur pour un fragment édifiant de cours de philosophie. Mais cette économie de description n'est rien au regard du sort réservé au baron, à sa femme et à son fils, anonymes et expédiés en deux traits d'esquisse caricaturale. Le premier n'est pas méchant au fond mais prétentieux et un peu ridicule même pour ses serviteurs. Son épouse placide ne se distingue que par son poids et une bonne éducation limitée à une politesse formelle (faire - les honneurs de la maison - avec - dignité -, 1. 22), ce qui veut dire qu'elle est laide et bête; quant au fils, on se contente de noter qu'il - paraissait en tout digne de son père », ce qui vu le portrait du père retourne le compliment en charge féroce, qui sera confirmée dans la suite du conte où il se montrera imbu de ses titres jusqu'à en être borné. Un sort particulier est donc réservé à Candide. On devine, aux rumeurs des serviteurs, que son statut d'enfant non reconnu, mais assimilé à Cunégonde et à son frère (il suit comme eux les leçons de Pangloss), cache un secret de famille : la sœur du baron a fauté avec un voisin. Né d'un père « bon et honnête » (1. Cool, il a un physique agréable, qui expliquera l'attachement sensuel de Cunégonde. Ses qualités d'intelligence et de morale le prédisposent à une évolution vers l'esprit critique et emportent l'adhésion émue du lecteur. On sent déjà qu'il pourra exprimer les idées de l'auteur, et jouer le rôle de héros de roman d'apprentissage : intelligent, certes (« jugement assez droit », 1. 4), mais aussi jeune et malléable, naïf (- l'esprit le plus simple -, 1. 5), il a, dirait-on aujourd'hui, un fort potentiel. 1. Noter l'allitération en - t - et le sens du mot thunder (tonnerre) ; voir au chapitre 2 le nom de ville Valdberghoff-trarbk-dikdoff, signifiant forêtmontagnecour-gageure dérisoire-épais village...

2. Aucun des nombreux peuples visités dans Candide n'échappe à ce procédé du cliché :

Aucun des nombreux peuples visités dans Candide n'échappe à ce procédé du cliché :
Les Français sont bavards, médisants et volages (chap. 22), les Espagnols et Portugais orgueilleux et intolérants (inquisition du chap. 6, gouverneur du chap. 13), les Turcs totalitaires et cruels (chap. 20), etc.


II- La satire de la société féodale
Voltaire oppose la prétention de richesse (- grande salle -, - meute -, - piqueurs ., - grand aumônier -, termes ou titres nobles, 1. 15 à 18) et la basse réalité (simples ornements de - tapisserie -, « chiens de basse-cour -, - palefreniers -, - vicaire -). Les serviteurs même, tout en affublant le baron du titre pompeux de monseigneur - sans gêne ni malice - rient de ses contes - (1. 19) leur respect a des limites, tout se déroule dans une ambiance à la fois guindée et familiale. La satire sociale atteint son point culminant avec l'exigence des quartiers de noblesse, qui annonce que derrière la bonhomie des nantis se cachent des exigences et des préjugés très âpres et absurdes : un honnête homme est refusé comme époux, parce qu'il ne peut prouver que 71 quartiers (nombre d'ancêtres nobles) au lieu de 72, pedigree du baron, différence infinitésimale et dérisoire. Dans ce détail se niche toute l'audace de la critique par les philosophes puis les révolutionnaires du 18e siècle de la raideur improductive et méprisante des castes qui prévalaient dans l'Ancien Régime. On trouve ici, déjà, l'ironie cinglante qui sera celle du Figaro de Beaumarchais.


III- Un philosophe dogmatique et grotesque

Le nom même de Pangloss est parodique (. toute langue - en grec, ce qui peut signifier - qui ne fait que parler - et suggère un vain bavardage). Dès cette première apparition il se distingue par deux traits: - oracle de la maison - (1. 26), dogmatique, il n'a aucun contradicteur; et ses discours sont ridicules. Pour le prouver, Voltaire devance le jugement du lecteur en annonçant que Pangloss enseigne la - métaphysico-théologo-cosmolonigologie - (1. 29) : la pétarade intellectuelle jargonnante s'achève burlesquement par l'ex- pression - nigologie - (la science, logos en grec, des nigauds « nigo ». Dans la phrase suivante, l'allusion aux - effets sans cause - signale au lecteur averti que la philosophie, si l'on ose dire, en cause ici, est celle de Leibniz et Wolf (voir p. 45), qui ont inventé le principe de la raison suffisante et des causes finales. Les théories de l'optimisme apparaissent aussi dans la dernière phrase avec une surenchère en allusion à Pope, autre philosophe de cette mouvance, qui avait écrit dans son ouvrage Essai sur l’Homme (1 733). - Tout ce qui est, est bien. - Entre ces deux assertions vient un échantillon de raisonnement particulièrement défectueux de Pangloss sur les mêmes causes finales (la fin pour laquelle une chose est faite) : il va de soi, et l'on ne peut que s'étonner de la naïveté de Candide face à de telles inepties, (que les nez ne furent pas inventés pour les lunettes, mais les lunettes pour les yeux faibles, que ce sont les chaussures qui ont été conçues pour protéger les jambes, et non l'inverse, que les pierres n'étaient pas destinées à être taillées. L’accumulation de tels exemples, avec des phrases construites sur un schéma identique, crée un effet comique, qui culmine dans les deux dernières. Le château du baron dont on a vu la médiocrité (il ne se distingue des chaumières environnantes que par des portes et des fenêtres) est utilisé pour le discours Philosophique, la mention des porcs faits pour être mangés en toute période et par tout le monde ne peut que susciter le rire le lecteur sait bien que le porc est une denrée interdite dans certaines religions.


CONCLUSION

En quelques lignes Voltaire pose donc l'essentiel du sujet et des procédés de l'ensemble du conte, et, dans une parodie du premier chapitre de la Bible (la Genèse, Éden dont l'Adam est ici Candide et l'Ève qui le séduira Cunégonde, et dont Candide sera bientôt chassé), met en place la référence à un premier jardin, à un premier paradis, qui servira de référence constante à la quête de son héros. Le château, symbole pour Candide du bonheur, sera par la suite une référence déterminante pour son apprentissage, jusqu'à sa duplication finale dans la métairie orientale.
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MessageSujet: Re: Candide ou l'optimisme (voltair)   Candide ou l'optimisme (voltair) Icon_minitimeLun 20 Oct - 17:00

(Chapitre III)

Introduction
Présenter l'auteur, Voltaire, et l'oeuvre : Candide.

Lecture du texte


Annonce des axes




Etude méthodique

I Une peinture ironique de la bataille
Réalité du combat
Ton employé => décalage

A) Un spectacle brillant

Défilé de deux armées

Voltaire souligne le caractère esthétique

Fanfare, rythme

Enumération d'adjectifs mélioratifs renforcés par "si"

Rythme très sautillant "si beau", "si leste", "si brillant",

"si ordonné, que les 2 armées" (rime) => marche militaire

Enumération des instruments de musique : du plus aigu au plus grave.


B) Une brusque rupture

"canons" à la suite des instruments de musique => idée de mort

"harmonie" / "enfer" => contraste, antithèse

Derrière la brillante façade : chaos et horreur


C) Un regard déshumanisé
- Attaque au canon
- Attaque de la mousqueterie (mousquet = fusil archaïque)
- Charge à la baïonnette

=> Phrase qui donne le bilan d'ensemble.

Relation très sèche, purement objective, le narrateur se contente de citer les faits sans indignation, ce qui est plus efficace.

Les soldats n'ont pas de réalité individuelle (soldats de plomb) => emploi de chiffres peu précis "quelques milliers", "environ 9 à 10 000".

Très peu de prix est attaché à la vie humaine (chiffres doublés par rapport à la bataille de l'époque)

Sujet : armes hommes = chair à canon


D) La critique de Leibniz

"ôta du meilleur des mondes environ 9 à 10 000 coquins qui en infectaient la surface"

Si "tout va bien dans le meilleur des mondes", les morts ne peuvent être que des "coquins"

"raison suffisante"



E) Une formule fulgurante


"boucherie héroïque" = oxymore

=> Opinion de Voltaire sur la guerre = massacre sanglant et inutile qui démystifie la notion d'héroïsme



II Une peinture pathétique des massacres



A) Un bref trait de satire

(l.14 a 16) "Te deum" => action de grâce pour remercier Dieu

Les 2 rois le font chacun dans leur camp => chacun se croit victorieux - chauvinisme des rois

Satire, critique : collusion (réunion d'intérêt - péjoratif en gen.) des chefs d'armées et de église qui bénit les massacres.

Dieu associé à de telles atrocités = idée scandaleuse

Dieu n'intervient pas dans les guerres des hommes pour Voltaire

Alors que chaque roi imagine avoir Dieu dans son camp.


B) Changement de ton


Il cesse d'être ironique à partir de "Il passa par-dessus des tas de morts et de mourants"

Tableau des victimes civiles.

Quand la réalité est trop insoutenable, l'ironie devient déplacée.

C'est une peinture d'une horreur morale et physique.

Lexique qui connote une extrême violence : vieillards criblés de coups, femmes égorgées, "mamelles sanglantes" (lait = vie/ sanglantes = mort).

Usage de la litote (expression atténuée de la réalité : dire moins pour exprimer plus) "besoins naturels de quelques héros" = viol

L'horreur s'accroît du fait que les victimes ne sont pas des combattants mais des êtres faibles.

Voltaire reste sobre : les faits sont présentés sans qu'il s'implique, pour laisser au lecteur la liberté de se faire sa propre opinion.


C) Une attaque contre le prétendu "droit public"


(l.18 a 20) "un village (...) brûle (...) selon les lois du droit public"

Grotius et Pufendorf justifiaient le massacre de l'ennemi.




III Le départ de Candide


A) Un bref rappel de l'horreur

"membres palpitants", "ruines"

Candide est dans un village bulgare brûle par les Arabes : les atrocités sont commises par les deux camps.

"héros" => connotation sinistre

Voltaire se livre à une démystification de l'héroïsme guerrier.


B) L'éloignement de Candide

"avec ses petites provisions dans son bissac"

Coté dérisoire => tout seul, s'éloignant, tout "petit" à l'horizon

"petit" s'applique à lui et aux provisions

côté attendrissant => il reste fidèle à ses pensées et à Cunégonde




Conclusion

Critique très virulente de Voltaire contre l'horreur de la guerre et l'optimisme de Leibniz.
Guerres condamnées : guerres de conquêtes
Cette condamnation s'inscrit dans le combat des philosophes pour construire une société plus humaine et plus civilisée.
L'art du conteur présente comme un spectacle plaisant une réalité qui ne l'est pas.
=> ironie
Celle-ci s'efface face à un spectacle trop horrible, mais le ton reste très sobre.


Dernière édition par le_friauche le Mer 29 Oct - 7:23, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Candide ou l'optimisme (voltair)   Candide ou l'optimisme (voltair) Icon_minitimeLun 20 Oct - 17:03

Voltaire
Fessé, Absous et Béni (chapitre VI)

INTRODUCTION

L'article "Genève" de L'Encyclopédie, que Voltaire inspire à d'Alembert suscite la tempête chez les pasteurs : les antiphilosophes veulent l'expulser de la propriété des délices, qu'il avait acquis en 1755. En 1758, il achète la propriété de Ferney, située à cheval sur la frontière franco-suisse, pour se mettre à l'abri. C'est cette année là qu'il rédige Candide, conte philosophique qui contredit la théorie de l'optimisme selon laquelle tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, mais sans la détruire tout à fait puisque la plupart des personnages finissent par cultiver sagement leur jardin en renonçant à la métaphysique. Il sera publié en 1759, sous couvert de l'anonymat, puis du pseudonyme en 1761. Dans cet extrait, Candide et son inséparable précepteur, philosophe et incorrigible optimiste, traverse la capitale portugaise aux lendemains du tremblement de terre de Lisbonne, survenu en 1755. On retrouvera à travers cet épisode, Voltaire, farouche ennemi du fanatisme.


LECTURE
CHAPITRE SIXIÈME
--------------------------------
COMMENT ON FIT UN BEL AUTO-DA-FÉ POUR EMPÊCHER LES TREMBLEMENTS DE TERRE, ET COMMENT CANDIDE FUT FESSÉ


Après le tremblement de terre qui avait détruit les trois quarts de Lisbonne, les sages du pays n'avaient pas trouvé un moyen plus efficace pour prévenir une ruine totale que de donner au peuple un bel auto-da-fé ; il était décidé par l'université de Coïmbre que le spectacle de quelques personnes brûlées à petit feu, en grande cérémonie, est un secret infaillible pour empêcher la terre de trembler.

On avait en conséquence saisi un Biscayen convaincu d'avoir épousé sa commère, et deux Portugais qui en mangeant un poulet en avaient arraché le lard : on vint lier après le dîner le docteur Pangloss et son disciple Candide, l'un pour avoir parlé, et l'autre pour avoir écouté avec un air d'approbation : tous deux furent menés séparément dans des appartements d'une extrême fraîcheur, dans lesquels on n'était jamais incommodé du soleil ; huit jours après ils furent tous deux revêtus d'un san-benito, et on orna leurs têtes de mitres de papier : la mitre et le san-benito de Candide étaient peints de flammes renversées et de diables qui n'avaient ni queues ni griffes ; mais les diables de Pangloss portaient griffes et queues, et les flammes étaient droites. Ils marchèrent en procession ainsi vêtus, et entendirent un sermon très pathétique, suivi d'une belle musique en faux-bourdon. Candide fut fessé en cadence, pendant qu'on chantait ; le Biscayen et les deux hommes qui n'avaient point voulu manger de lard furent brûlés, et Pangloss fut pendu, quoique ce ne soit pas la coutume. Le même jour la terre trembla de nouveau avec un fracas épouvantable.

Candide, épouvanté, interdit, éperdu, tout sanglant, tout palpitant, se disait à lui-même : « Si c'est ici le meilleur des mondes possibles, que sont donc les autres ? Passe encore si je n'étais que fessé, je l'ai été chez les Bulgares. Mais, ô mon cher Pangloss ! le plus grand des philosophes, faut-il vous avoir vu pendre sans que je sache pourquoi ! Ô mon cher anabaptiste, le meilleur des hommes, faut-il que vous ayez été noyé dans le port ! Ô Mlle Cunégonde ! la perle des filles, faut-il qu'on vous ait fendu le ventre ! »

Il s'en retournait, se soutenant à peine, prêché, fessé, absous et béni, lorsqu'une vieille l'aborda et lui dit :

« Mon fils, prenez courage, suivez-moi. »


ANNONCE DES AXES

I- L'art du conteur : un texte narratif traditionnel
II- Une ironie omniprésente
III- un texte de dénonciation


ETUDE

I- L'art du conteur : un texte narratif traditionnel

Repères : voir les différents temps utilisés : Imparfait / passé-simple
· Situation initiale (1er paragraphe) = imparfait à présentation
· Péripéties (2ème paragraphe) = passé-simple + articulation "en conséquence" à on rentre dans l'action
· Situation finale (3ème et 4ème paragraphes) = Imparfait à l'action s'immobilise

1. Situation initiale

· Quand ? Après le tremblement de terre
· Où ? Lisbonne
· Qui ? "Les sages du pays", "l'université de Coïmbre" : les héros ne sont pas encore rentrés en scène : effet de surprise
· Quoi ? Un autodafé

2. Péripéties (2ème paragraphe)

· Il y a une certaine variété dans les rythmes et la manière de raconter. Pauses descriptives : imparfait : l.11-12 : / prison + l.14-16 : / costumes
Par moments le rythme s'accélère. Exemple : l.12 : "huit jours après" : éclipse par rapport au procès"
· Contenu : Les supposés fautes des différents condamnés + Cérémonie
· Chute en 1 seule phrase. l.20-21 : Met en valeur l'inefficacité de l'action

3. Situation finale

Pause par rapport à l'action : imparfait
contenu : propos au style direct, de Candide faisant une rétrospective et un bilan de ce qu'il a subit.


II- L'ironie est omniprésente

1. 1er paragraphe

Les 2 premières phrases sont redondantes (elles veulent dire la même chose) : phénomène d'insistance qui met en éveil sur le contenu de ces 2 phrases.
· Antiphrase : l.3 : "un bel autodafé" à ironie
· Périphrase par rapport à l'autodafé : l.4-5 : "Le spectacle de quelques personnes brûlées à petit feu", "spectacle" = voyeurisme et "petit feu":antithèse = horreur
· "cérémonie" et "spectacle" sont mis sur le même plan : mélange le côté solennel et l'amusement pur. (Objectif : satisfaire le peuple et seulement cela)

2. 2ème paragraphe

Absurdité des condamnations qui reposent toutes sur des apparences (parfois douteuses)
La description des costumes :
¨ on s'attarde sur des détails là où le lecteur attend plus une description de la psychologie des personnages
¨ Candide ne sait pas que le public connaît la signification symbolique des dessins


La description insiste de manière tout à fait décalée sur le déroulement harmonieux de la cérémonie : ton superlatif hors de propos souligné en vert.
L'évocation de la prison à travers une périphrase élogieuse relève elle aussi de l'ironie, soulignée en bleu.
l.20 : "quoique ce ne soit pas la coutume" : commentaire ironique sur l'aspect innovant de cette nouvelle torture.


Le "en conséquence" analyse un lien de cause à effet qui n'a aucune raison d'exister. Ce n'est pas parce qu'on a décider d'un autodafé qu'on doit trouver des coupables : normalement c'est l'inverse.
Le connecteur temporel, "huit jours après" l.12, met en valeur une ellipse ; la narration passe sous silence pendant huit jours durant lesquels il n'y a pas de procès.
"Le même jour" : montre l'inefficacité de l'autodafé.

TRANSITION

Dans ce passage, non seulement le narrateur raconte, mais en plus il prend une distance ironique qui nous oblige à voir ce passage comme un texte de dénonciation.


III- Un texte de dénonciation

1. Le fanatisme et l'intolérance

-> Arbitraire des arrestations qui sont basées sur des motifs qui sont purement et simplement des différences de culture et de religion.
-> Le dernier paragraphe nous ramène à l'horreur du châtiment qui a été un peu "gommé" dans le 2ème paragraphe : accumulation l.22 : conséquences de l'horreur.
-> Les derniers adjectifs : totalement ironiques quand ils présentent l'autodafé comme 1 acte religieux

2. La superstition

En quoi un autodafé peut empêcher la terre de trembler ? = pure superstition

3. L'optimisme (de Candide)

-> Dernier paragraphe : Le narrateur regarde de manière amusée les interrogation de Candide rapportées au style direct.
-> caractère emphatique des phrases soulignées par l'apostrophe en "Ô"
-> Répétition de la même structure dans les 3 phrases l.24-28 : ridicule et naïveté de Candide



CONCLUSION

On peut dire que l'intérêt de ce passage réside sur 2 points.
-› Voltaire = maître dans l'art de la mise en scène.
-› Originalité : souligne que le mal métaphysique engendre des maux humains uniquement voulus par les hommes.
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MessageSujet: Re: Candide ou l'optimisme (voltair)   Candide ou l'optimisme (voltair) Icon_minitimeLun 20 Oct - 17:05

L'Utopie de L'Eldorado
De "Ils approchèrent enfin de la première maison..." à "...tout allait assez mal en Westphalie"."

INTRODUCTION
Ce texte est un extrait de Candide, de Voltaire : c'est un conte philosophique ; Candide, héros éponyme du conte, a été chassé du château dans lequel il a passé son enfance et parcourt le monde pour retrouver Cunégonde, dont il a été séparé.
Il vient de fuir les jésuites au Paraguay, et est accompagné de Cacambo qu'il a rencontré là-bas. Poursuivis, ils ne savent plus où se rendre : ils n'en peuvent plus et, épuisés, se laissent porter par le courant d'un fleuve à bord d'un canot.
Ils arrivent par hasard à L'Eldorado : ils ont failli mourir dans les remous du fleuve. Voltaire force ici l'aspect merveilleux de ce pays : il annonce l'utopie.
ANNONCE DES AXES

I-Les caractéristiques de l'utopie
II-La satyre : ironie de Voltaire

ETUDE

I- Les caractéristiques de l'utopie

1- Le luxe et la richesse


les maisons sont excessivement luxueuses : elles sont "bâties comme des palais d'Europe "
les vêtements indiquent la richesse du peuple, même ceux des enfants : ils sont "vêtus de draps d'or"
l'abondance : le repas est pantagruélique : les plats sont nombreux, et tous exotiques : pour Candide, l'exotisme représente une luxe. Les récipients même indiquent la richesse du village : ils sont faits dans "un espèce de cristal de roche".
les larges pièces d'or que Candide et Cacambo ont ramassés sont "des cailloux de grands chemins" aux yeux des habitants : les conquistadors cherchaient de l'or, mais cet or n'a dans cet endroit aucune valeur.
cette impression de grande richesse est encore accentuée par la gratuité : le gouvernement offre la nourriture aux habitants et aux étrangers, et il leur offre le luxe aussi : le gouvernement lui aussi est riche (par opposition à la France : misère est grande, et le gouvernement est pauvre lui aussi)
2- Un monde de plaisir et de bonheur

Plaisir des sens : "musique très agréable" => plaisir de l'ouïe, écoute est agréable
"odeur délicieuse" => plaisir de l'odorat également
"ragoûts exquis, pâtisseries délicieuses" => plaisir du goût
les enfants qui les servent sont beaux et bien vêtus => plaisir de la vue
Les sens sont ravis, pleinement satisfaits, accentuant le bonheur et le plaisir des habitants et des voyageurs.
Les habitants sont heureux et montrent leur bonheur : ils rient ("éclatérent de rire"). Il y a un équilibre : on compte autant de filles que de garçons (" deux garçons et deux filles") : la population est stable, équilibrée.
Les habitants sont généreux : après avoir servi un repas pantagruélique, ils s'excusent de la mauvaise chère qu'ils ont présentés aux voyageurs.
3- Politesse et savoir-vivre

Extrême politesse et discrétion de la part des commerçants et des voituriers présents dans l'auberge (dans le monde de Candide, les voituriers sont les moins polis de tous)
Les habitants sont honnêtes : aubergistes auraient pu profiter de l'ignorance de Candide et Cacambo et leur réclamer un dû pour le repas, mais ils les informent.

Conclusion partielle : Voltaire fournit absolument tout ce qui constitue un monde idéal : les gens sont heureux, riches et tout le monde s'entend bien. Ce monde idéal émerveille Candide et Cacambo qui ne croient pas ce qu'ils voient. Mais cette incrédulité est aussi celle du lecteur, car Voltaire force les traits de l'utopie à dessein.


II- La satyre : l'ironie de Voltaire
1- Il force les traits de l'utopie et l'aspect merveilleux


C'est un monde plein de sensations agréables : le ravissement de tous les sens montre que les deux voyageurs évoluent dans un rêve.
L'abondance du repas montre elle aussi que ce n'est qu'un rêve : tout y est trop abondant pour être réel : le morceau de viande qu'ils mangent "pesait deux cent livres" ; jamais, dans un monde réel, l'abondance est aussi extrême.
La gratuité du repas provoque l'incrédulité de Candide, mais, en même temps que Candide, les lecteurs n'y croient pas non plus.
Voltaire, en exagérant, se moque de ce monde idéal, il le caricature.
2- La morale de Voltaire

Voltaire caricature ce monde pour montrer qu'il n'existe pas, qu'il est "trop parfait" pour être réel.
Dans la dernière réplique de Candide, c'est Voltaire qui s'exprime : quand il parle de ce monde idéal, il dit qu'il "faut absolument qu'il y en ait de cette espèce". Par cette phrase, il explique que l'on veut absolument qu'un monde parfait existe, mais que ce n'est qu'un rêve.
Voltaire insiste sur le fait qu'un monde parfait tel que l'Eldorado ne peut exister, ce n'est qu'un rêve.

CONCLUSION
Ce monde idéal nous est présenté avec ironie : ce pays est absolument merveilleux, tout le monde y est heureux, mais il n'existe pas. Voltaire nous rappelle en quoi consistent nos rêves. Il dénonce l'utopie, et avec l'utopie, il dénonce le rêve : il faut être réaliste, arrêter de rêver.
Mais cet extrait pose aussi une question : après avoir vu ce monde idéal, que faut-il faire? Le texte qui termine Candide répond à cette question : Candide et ses amis achètent une ferme et cultivent leur jardin. C'est la morale de Candide : Voltaire nous rappelle que le bonheur est le fruit du travail et non du rêve.
=> rapprochement : Lettres Persanes, de Montesquieu : dans la lettre 12, il parle des troglodytes, et dénonce lui aussi l'utopie d'un monde idéal.
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MessageSujet: Re: Candide ou l'optimisme (voltair)   Candide ou l'optimisme (voltair) Icon_minitimeLun 20 Oct - 17:07

Eldorado
Chapitre 18

INTRODUCTION

La visite d’Eldorado introduit une pause dans le récit jusque là rapide et trépident. Candide et Cacambo contemplent dans l’émerveillement le monde qui apparaît comme le contraire du monde qu'ils connaissent. Cette découvert joue un rôle capital dans l’évolution de Candide.


LECTURE

Vingt belles filles de la garde reçurent Candide et Cacambo à la descente du carrosse, les conduisirent aux bains, les vêtirent de robes d'un tissu de duvet de colibri ; après quoi les grands officiers et les grandes officières de la couronne les menèrent à l'appartement de Sa Majesté, au milieu de deux files chacune de mille musiciens, selon l'usage ordinaire. Quand ils approchèrent de la salle du trône, Cacambo demanda à un grand officier comment il fallait s'y prendre pour saluer Sa Majesté ; si on se jetait à genoux ou ventre à terre ; si on mettait les mains sur la tête ou sur le derrière ; si on léchait la poussière de la salle ; en un mot, quelle était la cérémonie. « L'usage, dit le grand officier, est d'embrasser le roi et de le baiser des deux côtés. » Candide et Cacambo sautèrent au cou de Sa Majesté, qui les reçut avec toute la grâce imaginable et qui les pria poliment à souper.

En attendant, on leur fit voir la ville, les édifices publics élevés jusqu'aux nues, les marchés ornés de mille colonnes, les fontaines d'eau pure, les fontaines d'eau rose, celles de liqueurs de canne de sucre, qui coulaient continuellement dans de grandes places, pavées d'une espèce de pierreries qui répandaient une odeur semblable à celle du gérofle et de la cannelle. Candide demanda à voir la cour de justice, le parlement ; on lui dit qu'il n'y en avait point, et qu'on ne plaidait jamais. Il s'informa s'il y avait des prisons, et on lui dit que non. Ce qui le surprit davantage, et qui lui fit le plus de plaisir, ce fut le palais des sciences, dans lequel il vit une galerie de deux mille pas, toute pleine d'instruments de mathématique et de physique.


ANNONCE DES AXES


ETUDE

I. Une critique d’Eldorado

1. Un monde trop parfait :

- grandeur, énormément de tout : " grands, grandes ", " élevés jusqu’aux nues ", " grandes places ", " mille colonnes ", " deux files mille musiciens chacun ", pluriel

- formes superlatives : " le plus de plaisir ", " jamais on ne fit meilleure chère "

2. Surrenchère des détails féeriques.

- Redondances : " les grands officiers et les grandes officières ", " les fontaines d’eau…, fontaine d’eau….". Emploi systématique de " mille ". A la fin, cela n’a plus de sens.

- Clichés qui surchargent : élevés jusqu’aux nues, fontaines d’eau pure, ornés de mille colonnes.

3. Naïveté de Candide et de Cacambo.

- Sur les procédés : si on se jetait à genoux ou ventre à terre, mettait les mains sur la tête ou sur le derrière, si on léchait la poussière.

- Empressement enfantin, ils sautent au cou.

- Sur les institutions ; posent des questions sans cesse, " cour de justice, parlement "

Ecart comique qui prouve que les personnages n’ont pas de recul pour juger objectivement de la manière de respecter les convenances.

Conclusion : les voyageurs n’ont qu’une vue superficielle et candide. Candeur au rôle révélateur ; but ; bien mettre en valeur le monde visité en inviter le lecteur à percevoir le contenu philosophique.


II. Une utopie

1. L’utopie traditionnelle.

- Connecteurs temporels qui différencie les quatre démarches des voyageurs : " après quoi ", " en attendant "…

- Référence à Thomas More : le pays qui n’existe pas / où tout est parfait.. Pays imaginaire où un régime politique idéal gouverne un peuple heureux.

- Tous les aspects sont vus : religion, politique, mœurs, organisation, institutions.

2. Des vertus et des richesses.

- Focalisation zéro. Tout est normal et neutre, mépris du beau => absence d’enthousiasme des habitants. Or = boue. La richesse n’a pas rendu mauvais les habitants

- Les hommes sont unis, soudés, ouverts, accueillants, polis, contre le fanatisme et pour la liberté. Cela permet à Voltaire de faire des propositions.

3. Des idées.

- Une monarchie libérale : monarque tolérant, abordable, rapports hiérarchiques assouplis, aucune tyrannie ; le palais de justice et les prisons n’existent pas. Egalité entre les deux sexes : grands officiers et officières

- Urbanisme et urbanité : joindre l’utile à l’agréable. " espaces publics élevés jusqu’aux nues ", " marché orné de … ", " galeries de deux mille pas ", " pavés odoriférants "

- Climat de fraîcheur et de propreté, relations commerciales aux dimensions esthétiques.

- Développement des sciences : Eldorado y consacre de grands moyens : " galerie… instruments de mathématique et de physique "

Conclusion : idéal des Lumières


III. La fonction du passage

1. Critique européenne.

- Contre la monarchie absolue des rois de France, la tyrannie insupportable.

- Révèle l’arbitraire et la fanatisme de la justice royale

- Critique de l’urbanisme anarchique parisien

- Défense acharné de Voltaire de la culture et du progrès ; (Encyclopédie)

- Pouvoir royal et religieux hostile à diffusion de l’instruction et de la culture dans le peuple

2. Elle ne fait que suggérer.

Absence de détails minutieux. Nous n’avons que des idées vagues (monarchie libéral, mais pas organisation). Pas de proposition d’un système mais plutôt de valeurs : bonheur, générosité, soif de justice, goût du travail et de la culture.
Ce n’est pas une référence absolue.

3. Evolution de Candide.

Ce voyage à Eldorado apporte une référence nouvelle à Candide. Il devient une alternative possible aux valeurs de Thunder-ten-tronckh, dont le contact a montré qu’elles reposaient sur l’illusion. Il en comprendra le prix à mesure qu’il s’en éloigne.


CONCLUSION

Procès de la société de son temps. Satire constructive, nouvelles valeurs proposées au lecteur.
C’est le combat des philosophes de Lumières.
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MessageSujet: Re: Candide ou l'optimisme (voltair)   Candide ou l'optimisme (voltair) Icon_minitimeLun 20 Oct - 17:10

Voltaire
Le nègre de Surinam (Chapitre 19ème)

Généralités :
- Voltaire dramaturge du 18ème siècle (1694-1778), philosophe français qui écrivit contre l'intolérance.
- Candide ou l'optimisme, 1759.
- Un conte en prose où il critique la vision optimiste. Ceci est une réaction envers certains philosophes de l'époque comme Leibniz.

Introduction

Le nègre de Surinam constitue une dénonciation de l'esclavage et l'exemple même de l'atteinte aux droits de l'homme et à la liberté. La rencontre de Candide avec le nègre au sortir de l'Eldorado constitue un choc brutal et un retour à la réalité du mal: Candide ne peut plus se laisser aller à une quelconque croyance optimiste.
Les lecteurs, à travers cet épisode vont être confrontés à une réalité historique que Voltaire intègre à sa démonstration avec efficacité.


Etude

I - Un constat

Le récit de la rencontre avec le nègre est fait par le narrateur qui semble ne pas prendre partie et donner les choses telles quelles se sont passées.
Les paroles de l'esclave ont cette même tonalité d'acceptation de son sort en fonction d'une même réglementation.

a) Un constat dans le récit
- Le " ils " désigne Candide et son valet Cacambo. Rencontre de trois personnages, Candide et Cacambo en mouvement et le nègre qui est étendu par terre. Il y a donc opposition entre liberté de mouvement des uns et immobilité de l'autre.
- La présentation du nègre est faite sans apitoiement d'abord à travers des détails vestimentaires " la moitié de son habit " puis indication de sa mutilation. Tout est mis sur le même plan.

b) Constat dans les paroles de l'esclave
- Affirmation d'une attitude de soumission, de passivité "j'attends mon maître"
- Explication calme et détaillée de " l'usage ". Symétrie de la construction de la phrase et résultat obtenu sans aucune émotion.
- La constat n'est pas seulement de sa situation personnelle mais il établit l'histoire de tous les esclaves. Cependant après la parole résignée de l'esclave, le nègre va donner la parole à sa mère (Rappel des propos de sa mère en employant le style direct).

c) Cependant, présence d'une parole vivante, la mère au style direct. Ce n'est pas un constat, c'est un rappel émouvant du passé.


II - L'ironie

Cette ironie se révèle dans le décalage entre la l'objectivité du constat et l'horreur de la situation décrite.
- Dans la logique de l'usage.
- Dans la relation établie entre l'esclave et l'économie.

a) Une priorité aberrante, l'accent est mis sur " l'absence de la moitié de l'habit ".
Il y a là une distorsion ironique qui insiste sur la situation réelle de l'esclave.

b) L'ironie apparaît aussi dans le choix de certains termes à double sens " fameux " différent au terme valorisant illustre, célèbre : il est dépréciatif. Vandedendur est rendu célèbre par sa cruauté.

c) Insistance détachée sur les closes du contrat établit par l'usage (= mutilation systématique) " je me suis trouvé dans les deux cas ". C'est un formalisme administratif que met en relief Voltaire par le ton faussement détaché, l'horreur n'en n'est que plus perceptible.

d) Relation entre l'esclave et le sucre. Raccourci efficace " c'est à ce prix que vous manger du sucre en Europe ". Ici aussi distorsion, décalage entre notion de plaisir en Europe et vie inhumaine pour les esclaves.

e) Insistance sur l'hypocrisie des prêtres.
Le mot "fétiche" est une impropriété de terme afin d'éviter la censure.
Voltaire met en évidence la contradiction " nous sommes tous enfants… " alors qu'on pratique l'esclavage. Cette contradiction trahit l'hypocrisie des prêtres.


III - Les différents éléments de la dénonciation

L'émotion de Candide souligne l'horreur de l'état dans lequel se trouve l'esclave et cette horreur ne peut inspirer que de la pitié. Voltaire fait ainsi appel à la sensibilité de son héros et à travers lui à celle du lecteur.

a) Pourquoi dénoncer l'esclavage
- parce que l'esclavage est un traitement dégradant
- dégradation sur le plan social, l'esclavage est la propriété d'un autre homme.
- dégradation sur la plan moral et spirituel : la langue, la religion.

b) Dénonciation de l'illusion Optimiste qui conduit à l'esclavage à cause de l'attitude de sa mère. L'esclave renverse même le système des valeurs fondamentales : Esclave = honneur. Il est recommandé par la mère.

c) Dénonciation de l'esclavage qui est un système brutal et cruel parce qu'il exploite la souffrance pour la plaisir de quelques privilégiés : " c'est à ce prix ….. en Europe ".



Conclusion :

Ce texte est basé sur le constat de l'infamie de la traite négrière. Il décrit de manière authentique la cruauté des négociants. Au premier abord, le fait que le point de vue soit externe tend à nous faire penser que le constat est neutre. L'étude de ce texte nous montre que c'est Voltaire qui s'exprime à travers le nègre. C'est pourquoi on peut dénoter de l'ironie, notamment quand Voltaire traite de la religion. Comme nous l'avons dit auparavant, le constat paraît neutre. Pourtant la description très crue de la mutilation des nègres et du négoce de ceux-ci suscite un sentiment de révolte et d'indignation chez le lecteur. Toutes les figures de style montrent une très bonne organisation du texte. C'est pourquoi nous pouvons déduire que ce texte participe fortement au combat de Voltaire contre l'intolérance et l'injustice.
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MessageSujet: Re: Candide ou l'optimisme (voltair)   Candide ou l'optimisme (voltair) Icon_minitimeLun 20 Oct - 17:15

CONCLUSION DE CANDIDE


Voltaire


Introduction
Présenter Voltaire. Dans Candide, Voltaire décrit le parcours d'un jeune homme naïf qui va parcourir le monde pour trouver les réponses aux questions métaphysiques qu'il se pose et pour retrouver Cunégonde, son amoureuse. Il est accompagné de Pangloss son mentor, un philosophe pour qui tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Dans cette conclusion nous allons étudier le bilan des personnages et la philosophie du bonheur selon Voltaire.


Commentaire Composé:

I. Evolution et bilan des personnages

Candide : - il ne revient pas à son point de départ au château ce qui montre son évolution.
- début : naïf, ne connaît rien à la vie
fin : a fait le tour du monde, enrichi par ses expériences.
- il interrompt Pangloss
- il se pose des questions
Ils vont voir un derviche qui ne leur donne aucune réponse et les renvoie.
è Pour Voltaire il n'y a pas de réponse, il ne faut pas avoir de préoccupation philosophique.
Pangloss : pour lui tout est toujours pour le mieux dans le meilleur des mondes.
- il n'est plus le maître incontesté de Candide, il se fait interrompre.
- C'est le seul à ne pas travailler dans la métairie.
è aucune évolution, philosophe sophiste, s'enferme dans ses raisonnements.
Cunégonde : début : belle et oisive
fin : laide mais excellente pâtissière
è le travail compense sa laideur.
Autres personnages : n'ont plus de malheurs et travaillent.
"devint honnête homme"


II. La philosophie du bonheur, la rencontre avec le vieillard

1. Description du vieillard

- homme d'expérience
- " bon " répété 4 fois
- peu ambitieux, généreux, accueillant, hospitalier, travailleur
- vie paisible, aisée, heureuse
- contraste avec les atrocités commises en ville
è son bonheur dépend de son désintéressement du monde et de son travail.

2. Comparaison du vieillard avec les rois

è l'argent et la grandeur ne font pas le bonheur
toutes les grandeurs sont éphémères.

3. Le travail dans la métairie

- " la petite terre rapporta beaucoup "
è efficacité du travail communautaire
- Cunégonde devint une excellente pâtissière et Frère Giroflée devint honnête homme
è le travail efface les défauts.

4. Il faut cultiver notre jardin

" cultiver " = travailler, enrichir
" jardin " = monde, esprit, jardin secret
è Il faut travailler à l'amélioration du monde
è Il ne faut pas s'occuper des affaires des autres (égoïsme ?)


Conclusion
Pour Voltaire, il ne faut pas se poser de questions métaphysiques car il n'y a pas de réponse.
Comme dans Lettre X sur le commerce, Voltaire montre que c'est le travail qui contribue à l'amélioration et au bonheur du monde.
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MessageSujet: Re: Candide ou l'optimisme (voltair)   Candide ou l'optimisme (voltair) Icon_minitimeLun 20 Oct - 17:16

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MessageSujet: Re: Candide ou l'optimisme (voltair)   Candide ou l'optimisme (voltair) Icon_minitimeLun 3 Nov - 6:17

Les thèmes du mal et de la Providence


Candide est sous-titré l’Optimisme. Voilà un détail révélateur des préoccupations de Voltaire : le philosophe a voulu se moquer d’un optimisme irraisonné. En la personne de Pangloss qui répète mécaniquement et hors de propos : “Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles”, il a voulu ridiculiser ceux qui ne considèrent pas avec sérieux et respect le problème du mal. Voltaire attaque les enseignements de ses contemporains, Leibniz ou plutôt son disciple Wolff moins subtil que son maître, et, au travers d’un conte assez caustique, leur apporte la contradiction. Ainsi la question du mal est-elle au cœur de cet ouvrage, mais en même temps, Voltaire essaiera de donner une réponse personnelle qui puisse concilier la bonté divine avec l’existence du malheur. On doit remarquer que, déjà le conte oriental de Zadig, paru en 1747, douze ans auparavant, tentait de répondre à ce paradoxe métaphysique. C’est dire combien cette question épineuse tenait au cœur du déiste convaincu et du philosophe rationaliste épris de clarté.

Un monde livré au Mal
Candide, propulsé par les “grands coups de pied dans le derrière” du baron de Thunder-ten-tronckh, est brutalement “chassé du paradis terrestre” pour avoir cru au bonheur avec Mlle Cunégonde. Le voilà lancé dans un voyage aventureux, une errance formatrice au cours de laquelle il va découvrir le grand monde.
Il va expérimenter le mal sous toutes ses formes. Il s‘agit d’abord du “mal physique” selon les propres termes de Voltaire.

le froid et la faim.
la maladie, dans la personne de Pangloss retrouvé en Hollande sous l’apparence d’un “gueux tout couvert de pustules, les yeux morts, le bout du nez rongé...”
les catastrophes naturelles, d’abord sous la forme du séisme de Lisbonne, fait historique survenu en novembre 1755 qui avait beaucoup impressionné les imaginations de l’époque ; enfin sous celle de la tempête et du naufrage qui l’accompagne souvent.
Candide va expérimenter encore plus “le mal moral” qui tient une place prépondérante.

la stupidité des militaires.
la guerre. Guerre entre les Bulgares et les Abares, monstruosité absurde où l’on massacre les innocents avec une joyeuse férocité. Guerre entre les jésuites et la royauté espagnole dans la lointaine Amérique. Guerre entre Français et Anglais à propos du Canada, terre sans valeur au climat rigoureux, guerre où l’amiral Byng sera proprement exécuté “parce qu‘il n’a pas fait tuer assez de monde”. Guerre aux causes futiles où s’étalent la bêtise et la méchanceté humaines.
la pauvreté qui conduit à la mendicité.
l’hypocrisie et le fanatisme religieux. D’abord chez les protestants hollandais qui refusent d’aider un frère dans la peine. Ensuite chez les catholiques portugais où l’inquisition espionne et viole les esprits, où l’autodafé vient briser la liberté individuelle et fondamentale de la conscience. L’obscurantisme fait des ravages : une cérémonie expiatoire est décidée pour éviter le retour d’une secousse tellurique, mais en agissant ainsi on ne s’attaque pas aux causes du mal, une telle attitude relève plutôt de la mentalité magique. D‘ailleurs la réponse est claire : la terre tremble de nouveau. Enfin dans la guerre fratricide entre jésuites et royauté espagnole pour le pouvoir temporel alors que la bonne nouvelle n’est plus propagée et que les croyants n’agissent plus en conformité avec leur foi.
la malhonnêteté commerciale qui s’appelle banqueroute. Voltaire ajoute malicieusement “et la justice qui s‘empare des biens des banqueroutiers pour en frustrer les créanciers”. Celle de Vanderdendur (ce nom est tout un programme) qui se nomme vol.
l’esclavage pour des raisons économiques. Des êtres bien-pensants privent leurs frères de toute liberté pour produire certaines marchandises à bon marché. Le malheur des uns est exploité au profit des autres. « C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe ! »
Ainsi Voltaire nous dépeint un monde où le mal est une réalité omniprésente, conséquence surtout d’une nature humaine viciée. L’apparent vagabondage de Candide est destiné à nous révéler qu’aucun endroit sur terre n’échappe au fléau, sauf Eldorado qui demeure une utopie. Souvent Candide pense qu’ailleurs la vie est meilleure et Cacambo lui répond : « Vous voyez que cet hémisphère-ci ne vaut pas mieux que l’autre ». À la vérité, notre héros va être désabusé, le monde n’est pas fait pour les idéalistes, la réalité est pitoyable, la bonne volonté est brimée, l’homme est intrinsèquement mauvais. Candide va connaître l’amère expérience de n’être qu’un « jeune métaphysicien fort ignorant des choses de ce monde ». Même l’innocent est entraîné dans le tourbillon. Le mal appelle le mal, le meurtre est une réponse à l’intolérance. Notre héros sera obligé de reconnaître : « Je suis le meilleur homme du monde et voilà trois hommes que je tue ».

Un monde livré au désordre
La Providence

Candide perdra aussi ses illusions concernant la Providence. Cette notion métaphysique ou plutôt théologique implique que l’univers conçu par un Être intelligent porte en lui-même la marque de son créateur, qu’il obéit à des lois. Cette croyance fondamentale dans l’ordre divin de l’univers entraîne que le déroulement du temps, l’histoire a une finalité, que les événements ne sont pas le fruit du hasard mais la mise en œuvre d’un plan dont le dessein ne nous apparaît pas clairement parce que nous manquons d’élévation et que ce projet doit inclure la nécessaire incertitude de la liberté humaine.

Qu’en est-il dans Candide ? Voltaire nous dépeint un monde livré au hasard, à un désordre malicieux et cruel parfois. Disons plutôt que le philosophe de Ferney crée selon sa fantaisie un univers en harmonie avec sa pensée du moment. Voltaire n’est pas dupe de sa fiction, il lui arrive parfois d’appuyer sur la plume, de souligner l’invraisemblance voulue des situations. Il fait dire à Candide : « Voilà une aventure bien peu vraisemblable que nous avons eue à Venise. On n’avait jamais vu ni ouï conter que six rois détrônés soupassent ensemble au cabaret », ce à quoi Martin répond : « Cela n’est pas plus extraordinaire que la plupart des choses qui nous sont arrivées ».

Candide et ses amis sont les jouets d’une divinité en folie, ils sont précipités à leur corps défendant dans des aventures sans lien entre elles. Aiguillonnés par la nécessité, ils fuient un malheur qui les poursuit sans répit. Notre vie est une mauvaise pièce de théâtre. L’épisode des rois détrônés à Venise est révélateur. L’existence enviée de monarque n’est qu’une « singulière plaisanterie ». Contrairement à ce que nous aurions pu croire, elle n’échappe pas aux lois communes et connaît elle aussi de redoutables retournements de situation. La fin n’apporte aucun apaisement, le monde se perpétue : Candide, volé par les Juifs, ne possède plus qu’une métairie ; Cunégonde, déjà disgraciée par ses mésaventures, devient acariâtre de surcroît ; le dévoué Cacambo est excédé de travail ; les notables connaissent toujours des revers de fortune ; les hommes pratiquent encore les supplices du pal et de la décapitation.

L’homme a vicié la création. Jacques, le bon anabaptiste, déclare : « Il faut bien que les hommes aient un peu corrompu la nature, car ils ne sont point nés loups et ils sont devenus loups » et plus loin : « Dieu ne leur a donné ni canon de vingt-quatre, ni baïonnettes ». Pire, il n’y a pas de justice immanente. Dieu semble se taire. Les bons périssent, les méchants se sauvent, Jacques se noie, le matelot qu’il a sauvé survit au naufrage. Lorsque Dieu intervient, son action est déplorable. Il punit le criminel Vanderdendur mais ne peut épargner l’équipage innocent. « Dieu a puni ce fripon, le diable a noyé les autres ». Pour d’autres, la Providence est une notion commode qui explique tout ou exonère de toute responsabilité. Pour le frère de Cunégonde devenu jésuite, l’arrivée de Candide au Paraguay est providentielle, elle vient renforcer la force militaire de sa compagnie.
Il est donc clair que Voltaire ne croit ni à l’ordre ni à la justice divine : l’homme est orphelin.

Les diverses attitudes philosophiques et le choix de Voltaire
Face à ce monde où le mal et le désordre règnent en maîtres, plusieurs attitudes sont possibles.
Il existe d’abord l’attitude des profiteurs, de ceux qui aggravent le mal, de ceux qui admettent l’absence de lois morales et qui en profitent. On peut citer le matelot, le gouverneur de Buenos-Aires, l’abbé périgourdin, Vanderdendur. Tous cultivent à des degrés divers l’immoralité. Pour l’un, il s’agit surtout d’égoïsme forcené ; pour l’autre, de l’abus de pouvoir ; pour le troisième, l’escroquerie ; pour le dernier, le vol et la fourberie.

Ensuite un certain nombre de positions philosophiques sont égratignées au passage par Voltaire. Elles ont en commun de donner bonne conscience, d’innocenter la Providence ou d’apaiser faussement la curiosité intellectuelle. Par exemple, pour expliquer le séisme de Lisbonne, l’attitude pseudo-scientifique recherche par analogie des causes qui échappent à notre entendement dans l’état actuel de nos connaissances : le tremblement de terre serait dû à une traînée de soufre sous la terre. L’explication religieuse avance que c’est le péché originel qui a introduit le désordre dans l’harmonie initiale, mais elle apparaît mythique et, selon Voltaire, ne saurait lier les descendants du premier homme. L’explication formaliste ne règle en rien le fond du problème, c’est une suite de sophismes qu’énonce Pangloss : « car s’il y a un volcan à Lisbonne, il ne pouvait être ailleurs car il est impossible que les choses ne soient pas où elles sont, car tout est bien ».

Deux attitudes par contre sont plus développées : le pessimisme et l’optimisme. La première est représentée par Martin. Le mal est partout, le bien n’existe pas. L’homme est intrinsèquement pervers, il est né pour l’angoisse ou l’ennui. Le réquisitoire de Martin est terrible : « Je n’ai guère vu de ville qui ne désirât la ruine de la ville voisine, point de famille qui ne voulut exterminer quelque autre famille. Partout les faibles ont en exécration les puissants devant lesquels ils rampent, et les puissants les traitent comme des troupeaux dont on vend la laine et la chair. Un million d’assassins enrégimentés courant d’un bout de l’Europe à l’autre, exerce le meurtre et le brigandage avec discipline pour gagner son pain parce qu’il n’a pas de métier plus honnête ; et dans les villes qui paraissent jouir de la paix, et où les arts fleurissent, les hommes sont dévorés de plus d’envie, de soins et d’inquiétudes qu’une ville assiégée n’éprouve de fléaux. Les chagrins secrets sont encore plus cruels que les misères publiques ». Ce point de vue est proche de la sensibilité de Voltaire qui pourtant le refuse. Un tel système conduit immanquablement au fatalisme et à l’inaction.

La seconde attitude, l’optimisme, est critiquée au travers du personnage de Pangloss, celui qui discute de tout, qui enseigne la « métaphysico-théologo-cosmolo-nigologie », autant dire une pseudoscience jargonnesque. Effectivement Voltaire tend à nous démontrer tout au long du roman que l’optimisme peut-être affirmé seulement au prix d’erreurs de raisonnement car l’expérience prouve l’omniprésence et l’universalité du mal. C’est une affaire d’a priori ou d’aveuglement même. « Il est aussi démontré (disait Pangloss) que les choses ne peuvent être autrement : car tout étant fait pour une fin, tout est nécessairement pour la meilleure fin ! » Ailleurs Pangloss pousse sa logique jusqu’à l’absurde à partir de postulats erronés : « Les malheurs particuliers font le bien général ; de sorte que plus il y a de malheurs particuliers, et plus tout va bien ». Voltaire critique au travers de ce personnage la théorie de Leibniz selon laquelle, en particulier, le mal serait « une ombre à un beau tableau ». Le mal servirait alors seulement à mettre en valeur le bien.

Voltaire, plus proche du pessimisme, renonce pourtant à cette position intellectuelle. Avec Candide, il nous montre que l’innocence peut exister et surtout que le pessimisme nous pousse à l’inaction s’il n’existe aucune espérance d’améliorer notre sort. Tout au long du roman, Candide espère. Son espérance s’appelle Cunégonde. Même si finalement elle est désabusée, elle a constitué le moteur de ses actions. Au cours de ses aventures, Candide va apprendre la fausseté de l’enseignement dispensé par Pangloss. Il est alors prêt à recevoir deux leçons. La première sera donnée par un derviche. Le sage oriental dédaigne les questions et livre à ses interlocuteurs la fable du sultan qui ne se préoccupe pas des souris embarquées sur son bateau, (Dieu a peu d’égards pour sa créature) puis, par les mots « te taire », il apprend à ses visiteurs qu’il faudra se défier de la métaphysique, affrontement d’idéologies sans lien avec l’expérience concrète et dont les réponses ne peuvent être que stériles. La seconde sera donnée par le vieillard turc : « le travail éloigne de nous trois grands maux, l’ennui, le vice et le besoin ». Il faut aménager, civiliser le monde, il faut, chacun de notre côté, s’attaquer modestement à la tâche. Voltaire propose une religion du travail seul capable d’apporter un bonheur limité et de réformer l’individu. « Il faut cultiver notre jardin » est la réponse définitive faite à l’éternel questionneur Pangloss.

Conclusion
Candide brosse un portrait de notre humanité assez ricanant. Voltaire se sauve finalement du désespoir et du pessimisme par l’action. Il faut reconnaître pourtant qu’il traite le sujet avec une certaine désinvolture. Plus qu’une véritable réflexion sur un sujet essentiel, son roman est plutôt un règlement de comptes endiablé, un jeu de l’esprit passablement ironique et irrévérencieux. Il pourrait nous faire croire que la pensée de Leibniz, grand philosophe et mathématicien du XVIIe siècle, est d’une stupidité affligeante. Il n’en est rien. Voltaire est très injuste, il feint de ne pas comprendre la position de l’auteur de la Théodicée, il s’amuse et nous amuse. Loin d’émouvoir notre sensibilité, Voltaire préfère toucher notre intelligence, il ne dénonce pas l’horreur mais l’absurdité. Candide, en fin de compte, est une œuvre séduisante beaucoup plus par ses simplifications, ses partis pris, ses rancunes, ses polémiques, sa virtuosité que par son contenu philosophique.
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