Dans ce poème, ROnsard s'attache au thème baroque du temps qui passe, inexorablement, avec pour originalité, de ne pas dramatiser cet instant tragique. Il s'oppose à la conception morbide et angoissante de la mort.
Pour la baroque :
- thème de la fuite du temps, notamment rendu par la comparaison (in medias res [puis-je le dire ainsi?]) de la rose et de la femme/vie ; et plus particulièrement, par l'image CYCLIQUE (à analyser : disposition des rimes, répétition des rimes même dans les tercets, les coordinations " ET/ OU " et rythmes binaires (par deux)) des Saisons :
* printemps "mois de mai"
* été "excessive ardeur (étymologiquement : brûler)"
* automne "pluie"
* ET... hiver : la mort.
- les antithèses : vie/mort, beauté/inertie morbide, amour/mort (à réfléchir : sont-ce vraiment des antithèses qui choquent deux réalités contradictoires et qui révoltent le poète (comme le dit Jean-Luc) ? ou bien plutôt une autre image de ce cycle implacable contre lequel rien ne sert de s'énerver ? Cf. la pointe finale : Ronsard exprime-t-il une image terrible de la mort ?... Se révolte-t-il ?
- les hyperboles : notamment celles explicitant la BEAUTE de Marie.
Il faut étudier aussi le LYRISME du passage : c'est-à-dire l'émotion qui s'exhale du poème. Pour cela :
- analyse l'énonciation : qui parle (je) ? à qui (tu) ? dans quelle situation (les obsèques) ? Quand apparaissent les principaux personnages ? Pourquoi si tardivement dans le poème ? Observe les temps : pourquoi le présent dans les quatrain et le passé dans le premier tercet ?
- dans le dernier tercet : 1ère irruption du "Je" (répété plusieurs fois sous diverses formes) ; balancement binaire qui évoque une lente marche funèbre :
"Pour obsèques/ reçoy/ mes larmes/ et mes pleurs,
Ce vase plein de lait,/ et ce panier plein de fleurs,
Afin que/ vif et mort/ ton corps/ ne soit que roses."
cf. assonance : mort/corps/roses et l'allitération en [p] qui martèle les vers, lento.
Sommes nous dans un sonnet amoureux ? ou un sonnet morbide ? Qu'est-ce que la poèsie selon Ronsard, et que permet-elle ? A quoi servent les ob-sèques ?... Pouvons-nous finalement comparer ce sonnet à un autre, tout aussi connu de Ronsard : "Quand vous serez bien vieille..." (lequel reprend également l'image de la rose) ? Qu'est-ce qui change ?